Polars et Compagnie L'interview
Interview – Entretien avec Chris Loseus
1 AOÛT 2016 LILIE
Bonjour à tous. Aujourd’hui, sur le blog, c’est journée Interview et c’est avec grand plaisir que j’accueille Chris Loseus. Chris est un auteur dont je vous ai déjà parlé sur de précédents articles et dont j’ai lu, à l’heure d’aujourd’hui, deux de ses romans…3600 prospect avenue et Chatsworth Creek (chronique ici).
Chris Loseus
Hello, Chris, je suis ravie de t’accueillir ici. Peux-tu te présenter pour les lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?
Bonjour Lilie. Alors je suis Chris Loseus, auteur, j’ai bientôt 45 ans, marié et trois enfants à la maison.
Tu es l’auteur de 6 romans, peux-tu nous expliquer comment en es-tu venu à l’écriture ? Et qu’est-ce qui te plaît à coucher sur le papier des histoires nées dans ton esprit ?
Oui, plus précisément 3 romans parus à ce jour et une série découpée en trois épisodes. L’écriture a toujours fait partie de mon quotidien. Enfant déjà, j’écrivais des histoires courtes, l’imaginaire m’emportait… J’ai écrit mon premier roman (qui n’est jamais sorti) à l’âge de 17 ans. Mon tout premier à connaitre la lumière a été écrit l’année de mes 19 ans, il s’agissait de 3600 Prospect Avenue. Qu’est-ce qui me plaît à coucher sur le papier ce qui vient dans mon esprit ? Ah ah… question à laquelle il m’est difficile de répondre. C’est en moi, ça l’a toujours été… Je crois qu’il faut que ça sorte, tout simplement. C’est formidable de se poser derrière un écran et de pouvoir créer. C’est un peu comme si tu faisais un film, mais sans aucune contrainte. Tout est possible ! Tu peux tout imaginer sans contraintes budgétaires… Les images viennent, les personnages prennent vie… Et tu te laisses guider. C’est bon ! très bon ! Et tu deviens accro… Il faut que tu écrives, que tu retrouves ces personnages, ces lieux…
Tu es auteur indépendant. Pourquoi ce « choix » et comment perçois-tu aujourd’hui le monde de l’autoédition ?
Oui, en effet, un indé comme on dit. J’ai été édité dans une petite maison au début… Et puis j’ai fait le choix de reprendre mes droits. Plus de liberté, plus de travail aussi. J’aime à penser que nous sommes des artisans… En fait, j’avais des manuscrits de côté, 3600 par exemple avait été écrit une vingtaine d’années avant sa première édition. À l’époque c’est Gallimard qui l’avait lu. Il m’avait contacté pour me dire deux choses. La première c’était qu’il appréciait mon style très cinématographique, la seconde c’était que savoir écrire était une bénédiction ou une malédiction… Les lois du marché !!! À cette époque-là, je skiais, j’étais sur autre chose. J’ai continué à écrire sans soumettre mes manuscrits. Et puis lorsque j’ai raccroché les skis, un petit éditeur m’a contacté, il m’a demandé s’il pouvait éditer mes romans… Je n’ai pas réfléchi, j’ai dit oui. Une année plus tard, j’ai découvert Amazon et ce qu’il faisait. J’ai échangé avec Jacques et Jacqueline Vandroux, Cédric Charles Antoine. J’ai pensé : c’est une révolution, ce sont des pionniers… Je veux en être ! Et je suis devenu Indé !
Raconte-nous un peu les conditions dans lesquelles tu écris et comment trouves-tu l’inspiration ? (musique, silence, organisation etc…)
L’environnement, mon bureau. Un lieu reculé de la maison, à l’étage, vraiment au calme… J’écris parfois en musique, mais pas tout le temps. Les idées viennent toutes seules… Souvent c’est une scène qui me vient à l’esprit, quelque chose de très visuel… Et puis très vite c’est, et après… et puis, et si… Les personnages prennent vie… d’autres arrivent et l’histoire se fait ! Mais c’est souvent une scène, un lieu, une atmosphère et un personnage au centre de tout ça qui donne le départ. L’idée vient n’importe quand… au volant, dans un avion, un supermarché… il n’y a pas de règles. Certaines fois l’histoire ne se développe pas… Mais quand la scène revient souvent dans mon esprit, je me pose derrière mon clavier et c’est parti !
Comment procèdes-tu à l’écriture de ton roman, prends-tu contact avec des professionnels ? (Recherches, préparation, schéma etc..) Et as-tu déjà la fin en tête dès le départ ?
Je suis seul, écris généralement le premier jet en 3, 4 mois… Et puis je laisse reposer et retravaille le texte pour le finaliser. Personne ne lit le roman avant sa parution. Je travaille cependant avec une correctrice et traductrice, Guillemette Allard Bares, pour la phase finale, c’est elle qui corrige ou traduit le tout. Pour ce qui est de l’idée de départ, eh bien… il me semble savoir où je vais, j’ai une idée, mais comme dans la vie ça ne se passe jamais comme prévu. Ce sont les personnages et les circonstances qui décident finalement.
Si tu devais présenter chacun de tes romans en quelques mots, quels seraient-ils ?
Il y a souvent une fin qui amène à la réflexion… Pour 3600 Prospect Avenue, c’est l’avidité, le bien, le mal… Nouvelle ère, le pouvoir et ce qu’il fait faire… Chatsworth Creek, ce qui est essentiel dans nos vies, une rétrospective sur nos sentiments. Jenna, eh bien… du mystère… Connaît-on vraiment ceux qui nous entourent ? D’une manière générale, j’aime dans mes romans porter un regard sur la société, mais d’un point de vue différent… La face cachée… ce qui pourrait être vrai mais… caché. J’aime également que mes personnages ne soient pas tout blanc ou tout noir. Un « gentil », n’est pas forcément parfait, il a des zones sombres… Un « méchant », de la même manière n’est jamais complètement « pourri ». J’aime ça, parce que c’est souvent la réalité, et que ça rend les personnages plus humains…
Comment vois-tu (espères-tu) l’avenir de ta carrière d’écrivain ?
Je me suis organisé pour laisser un maximum de temps à mes écrits. J’écris un roman par an, il faut du temps pour ça. J’aime l’idée de pouvoir ne me consacrer pratiquement qu’à eux, et en même temps, j’ai besoin de rester « ancré » à la réalité, j’ai une société de consulting qui me permet de rester dans le monde réel… Et enfin j’aime m’obliger à remonter là-haut, sur les sommets… J’enseigne donc le ski au gré de mes envies, ça peut être une semaine, ou six (au maximum), pour me vider la tête, échanger avec des clients, glisser au cœur de cette montagne que j’aime tant et qui fait partie de mon histoire. En fait ma vie me convient, la poursuite de ma carrière d’écrivain… la même chose finalement, avec un lectorat de plus en plus large. Je ne suis pas arrêté sur le côté indé… Si demain une grande maison d’édition me proposait une large visibilité, je ne serais pas fermé. Ça pourrait ouvrir d’autres perspectives… Mais je suis déjà heureux comme ça… Vous êtes des milliers à me lire. Je partage déjà mes écrits… Tout va bien !
Quel a été le plus beau retour de lecture que tu as reçu et au contraire le pire ?
Il n’y en a pas un en particulier… J’aime quand une lectrice ou un lecteur m’écrit pour me dire qu’il a été transporté, que le livre lui a donné de fortes émotions… qu’elle ou qu’il a tremblé pour les personnages, qu’elle ou qu’il s’est attaché… Et qu’en fermant le livre elle ou il a réfléchi. C’est très fréquent avec Chatsworth Creek… et j’en suis très heureux. Ça veut dire que ça fonctionne, que la mélodie a emporté le lecteur là où on le voulait. Le pire retour de lecture…il était anonyme et c’était… Chris Loseus ou comment écrire pour ne rien raconter… ! J’aurais aimé que ce retour soit étoffé pour mieux comprendre, malheureusement anonyme donc pas de possibilité d’échange. Dans ces cas-là, je me dis que ça n’a pas fonctionné, et aimerais savoir pourquoi… Ça pourrait me permettre des approches différentes… Après, je prends du recul… On ne peut pas plaire à tout le monde.
Tu as aujourd’hui un public qui t’est fidèle. T’es-tu déjà retrouvé dans des moments de doutes et si oui qu’est-ce qui t’a donné la force de poursuivre ?
Oui, et c’est génial !!! Il y a ce groupe de lecteurs quelques milliers qui ont lu tous mes livres… Ce sont des lecteurs avec qui j’échange, c’est très agréable, on se sent moins seul !
Des doutes ? Eh bien non… Le carburant est là, les histoires doivent sortir… Alors pas de questions à se poser. Je ne me dis pas, tel livre a très bien fonctionné, je vais écrire le prochain dans le même esprit… Non… il y a cette scène, ce lieu, cette atmosphère et ce personnage et c’est reparti… Et dans une histoire complètement différente. Il y a une exception, Nouvelle ère… J’ai écrit une fin « ouverte », et des centaines de lecteurs m’ont écrit pour me demander s’il y avait une suite… Qu’ils l’attendaient. C’est vrai que tout n’a pas été dit, alors je vais retrouver la bande à Sacha et Jack pour un second opus, et j’avoue être heureux de les retrouver. Mais non pas de doutes… Juste l’envie de pouvoir continuer à écrire encore et encore…
Chatsworth Creek, ton dernier roman est paru il y a peu de temps. As-tu déjà quelques pistes pour le suivant ? Et si oui, peux-tu nous donner quelques indices ou motus et bouche cousue;-) ?
Le prochain est quasiment terminé en ce qui concerne le premier jet. Je peux te dire qu’il y est question de vengeance. La scène (la fameuse, celle qui me met dans l’histoire) c’est un homme qui entre dans une maison. Tout va très vite. Il y a une femme, il essaie de l’attraper elle se débat, lui perfore la pommette avec son talon alors qu’elle essaie de lui échapper dans la montée d’escalier… Il la tue… on découvre qu’un enfant observe la scène depuis le haut de la montée… Ils se regardent, l’enfant se précipite dans sa chambre… l’homme le rejoint et le tue également… Il s’assoit ensuite et attend le maitre de maison. Je n’en dirai pas plus… Mais la grande question est pourquoi ? Et… qui est vraiment le méchant… J’aime cette dualité…
Quel genre de lecteur es-tu ?
Je lis tous les jours… Le soir surtout. Mon auteur préféré, Stephen King. En France j’aime Jean Christophe Grangé, Maxime Chattam… Et je découvre de plus en plus d’auteurs indés… je peux tout lire, je suis curieux !!! Et je m’attache très vite à un style, une « patte » !!!
Si tu devais ne garder avec toi que cinq livres, quels seraient-ils ?
Question difficile… Shining, la part des ténèbres… (Deux King, le second me parle beaucoup), Medicine River de Tomas King (peu connu, un livre où il ne se passe pas grand-chose, mais… une belle histoire simple, faite de rencontres). Les solitudes d’Arkophar (parce qu’écrit par mon papa et que je le retrouve au détour de cette histoire, en le lisant). Et la Bible pour retrouver de la sagesse et parce que la Paix est importante !
Quel est le livre que tu rêverais d’avoir écrit et pourquoi ?
Eh bien… Aucun ! Je remercie ceux qui les ont écrit de l’avoir si bien fait !!! Heureux qu’ils m’aient touché !
Quelles sont tes références en matière d’écrivains ? Y en a-t-il qui t’ont donné envie de prendre la plume ?
Comme dis plus haut, Stephen King. Il a cette plume extraordinaire, cette vie simple…
On t’offre la possibilité de rencontrer un auteur qui n’est plus de ce monde. Qui serait-il et pourquoi ?
Camus, pour son regard sur la société.
Quelques questions pour mieux te connaître : Ta lecture du moment? La forêt des Mânes Plutôt mer ou montagne ? Les deux… J’ai une retraite « secrète » à la mer où je me rends souvent hors saison et une en montagne… Plutôt nature ou ville ? Nature Une qualité ? Un défaut ? Ah… mal placé pour répondre !!! Une qualité, passionné. Un défaut, je vais laisser répondre ma femme. ok, vrai ! Désorganisé ! Ton plat préféré et au contraire celui qu’on te fera jamais manger ? Préféré, le couscous… Jamais mangé… de la cervelle de singe. Une émission à la télévision que tu ne rates jamais ? Aucune… Pas très télé… Mais j’aime les émissions du style envoyé spécial, l’institution Thalassa en France et l’échappée belle…
Merci, Chris, pour avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je te laisse le mot de la fin, tu as carte blanche;-)
Merci, Lilie, pour cette interview. Et merci, encore une fois, aux lecteurs qui nous suivent et nous font grandir…écrire est un acte solitaire…pouvoir partager est extraordinaire !!! Merci à vous, vraiment !!!
Un grand, grand merci à Chris pour avoir accepter ma demande et de s’être prêté au jeu des questions/réponses de cette façon
Vous souhaitez plus d’infos sur Chris Loseus et/ou ses romans ? Hop, hop, c’est par ici que cela se passe : http://www.chrisloseus.com/